Elikia M’Bokolo, interview de Arnaud Lismond-Mertes, “De la propagande coloniale sous la forme de savoir enseigné !”, “Ensemble” n° 95, décembre 2017.
Elikia M’Bokolo (EHESS), nous livre son avis sur la version de l’histoire coloniale belge exposée dans le nouveau programme d’enseignement de la Communauté française. Il estime que l’enseignement imposé par ce programme serait “très grave par rapport à la création du lien social en Belgique”.
De plus amples renseignements sur Mr M’Bokolo sont à lire sur Wikipedia :
M’Bokolo
EHESS: Ecole des hautes études en sciences sociales, Institut d’études politiques de Paris, université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.
Quelques extraits:
“… Dans leur excellent livre Les trusts au Congo, publié en 1961, Rosine Lewin et Pierre Joye ont démontré que la Belgique a pleinement accompli au Congo le programme de colonisation « moderne », avec une banque, la Société générale, qui détient 65 % des capitaux coloniaux. Ce n’est pas la population belge qui a colonisé le Congo, c’est la Société générale et la famille royale qui l’ont fait, plus des missionnaires que l’on a envoyé évangéliser. Mettre en avant la question de la migration, c’est une erreur complète et c’est faire endosser aux colons la responsabilité des grandes compagnies capitalistes et de l’Etat qui ont organisé l’exploitation du Congo…”.
(Voir aussi “Mathieu Vancanneyt, Albert Thys” et “Gudrun Van Pottelbergh, Octave Louwers“).
“… L’Etat peut donc en faire ce qu’il veut. Il peut leur arracher leurs terres, il peut les déporter d’un endroit à l’autre, il peut les forcer à travailler… Il ne s’agit donc pas d’ « abus » ou d’« exactions », mais c’est le fonctionnement normal de l’Etat colonial…“
“… Quand le programme de la Communauté française écrit que les entreprises minières « attirent la maind’œuvre par des avantages comme les cantines, les dispensaires et hôpitaux, les écoles pour les enfants » (sic), c’est de la mythologie, c’est de la propagande ! Ce qui est mis en place est un système concentrationnaire pour la main-d’œuvre, dans lequel on déplace les travailleurs, on les enferme pour les faire produire et on leur concède des choses d’une façon paternaliste, pour qu’ils soient reconnaissants envers le maître”.