Lieutenant Charles, François, Alexandre Lemaire, La femme blanche au Congo, pp 74-76, 1894.
Bel article publié dans “A. J. Wauters, Le Congo illustré, 1894“.
Mais inattendu d’y trouver la signature du Lieutenant.
Pourquoi inattendu ?
Parce que, bien qu’une biographie magnifique de Lemaire ait été publiée par l’ARSOM, toute à son avantage et très en détail, on peut regretter que la période terrible de 1890 à 1893 n’ait pas eu l’attention qu’on aurait pu souhaiter.
Lemaire a été Commissaire du district de l’Equateur de 1890 à 1893. La biographie ne nous donne que quelques détails de cette période: plantations, mise en valeur de l’économie, nombreuses observations géographiques, ethnographiques et botaniques. De belles exécutions, mais on “paraît oublier” les tueries et les villages complètement pillés et détruits par le feu .
Ses rapports sont “perdus”, mais on a trouvé son journal personnel, titré “Palabres diverses dans le district de l’Equateur. Carnet de notes prises du 18 mars1891 au 27 mai 1893”. Selon M. Z. Etambala (1) il faut prendre ici le mot “palabres” comme eufémisme, et plutôt l’interpréter par le mot “guerres”. Tous les problèmes d’une colonisation débutante y sont décrits en détail.
Mais Lemaire écrira plus tard (traduction) ” … Je devins à mon tour chef (dans le district de l’Equateur). En ce temps je suivis les exemples donnés, mais je commençai lentement à douter de nos méthodes de travail; je relus avec horreur mes premiers rapports; tout mon être se reprit; je me jurai de consacrer mes efforts à la race noire (…). Cela m’a pris quatre ans à ouvrir les yeux à la réalité (…). Lorsque je retournai en Afrique, je jurai de ne plus tuer et je n’ai plus tué” (2).
(1) Mathieu Zana Etambala, Veroverd, bezet, gekoloniseerd, Congo 1876-1914, 2020, pp 276-279.
(2) Daniel Vangroenweghe, Rood rubber, Leopold II en zijn Kongo, 1985, p 27 (La Dernière Heure, 09 07 1902).